La lutte contre les armes nucléaires : encore une occasion manquée pour la Belgique de prouver sa bonne foi !

Il y a deux semaines, le mouvement de la paix initiait une audition de la Commission Défense et Affaires extérieures de la Chambre. L’invité n’était autre qu’Hans Kristensen, celui par lequel a été divulgué l’accord secret entre les États-Unis et la Belgique sur la modernisation des armes nucléaires présentes sur notre territoire. Les révélations ont été à la hauteur de l’événement : la Belgique accueillera de nouvelles armes nucléaires sur son territoire d’ici à 2020 !

Entretemps, les représentants belges continuent de soutenir sans rougir leur engagement pour un monde sans arme nucléaire. Le Gouvernement continue de défendre que sa politique en la matière s’inscrit dans le cadre de l’accord de politique générale qui stipule très clairement son engagement à « [agir] résolument en faveur d’initiatives internationales pour un désarmement plus poussé – y compris nucléaire ».

Une de ses « initiatives internationales » se déroulait pourtant ce week-end, sans qu’une action – encore moins « résolue » – de la Belgique ne s’y soit observée. La Deuxième Conférence internationale sur l’impact humanitaire des armes nucléaires vient de se clore (Mexique, Nayarit, 13-14 février), avec la participation de 146 États. Ce mouvement a été impulsé l’année dernière par la Norvège (Oslo, 3/4 mars). Un pays membre de l’OTAN qui ne se cache pas derrière son statut d’allié pour fuir ses responsabilités pour un monde sans arme nucléaire.

Comme lors de la première conférence, la Belgique n’a dépêché que le Premier Secrétaire de son ambassade locale alors que d’autres pays du « partage nucléaire » (le Luxembourg a par exemple dépêché son attaché militaire de NY) y ont envoyé leurs spécialistes du désarmement et de non prolifération nucléaires. La Belgique n’est pas en désaccord avec la démarche en cours. Mais elle privilégie très clairement sa position d’État membre de l’OTAN, d’État qui accueille sur son territoire le siège de l’OTAN et d’État qui mène une politique de non-prolifération en accord avec les pays de l’Union européenne, ou la France et le Royaume-Uni (puissances nucléaires) ont une influence forte….

La Conférence de Mexico est la dernière étape d’un processus qui a changé la façon d’aborder le débat sur les armes nucléaires au niveau international. Depuis 2010, quand les États parties au Traité de non-prolifération (TNP) ont reconnu « les conséquences humanitaires catastrophiques de l’utilisation d’armes nucléaires », un nouveau discours s’est développé à partir des effets réels de ces armes, permettant de redoubler les efforts pour y remédier.

Le mouvement de la Croix-Rouge, les agences de secours des Nations-Unies, la société civile et la majorité des nations du monde ont souscrit à cette initiative humanitaire. En octobre dernier, 125 États ont soutenu une déclaration au sein du TNP proposé par la Nouvelle-Zélande, affirmant simplement que « les conséquences catastrophiques des armes nucléaires doivent sous-tendre toutes les approches et tous les efforts en faveur du désarmement nucléaire ».

L’ambition d’être une étape décisive dans la dynamique mondiale pour interdire et éliminer les armes les plus destructrices jamais créées a été clairement réalisée, le Président de la conférence a indiqué que « Nayarit était un point de non retour » et que désormais l’on pouvait parler d’un processus lancé pour parvenir à l’élimination des armes nucléaires.

La troisième conférence sur l’impact humanitaire des armes nucléaires se déroulera à Vienne avant la fin de l’année 2014. La Belgique devrait sans nul doute y participer. Mais il est temps qu’un pas soit réalisé, notamment en y envoyant une forte délégation diplomatique, comme en y affirmant une politique respectueuse de ses engagements en tant qu’État membre du TNP, qui est de parvenir au « désarmement nucléaire général et complet » et non de miner la lutte contre ces armes de destruction massive et de pérenniser leur présence, ici et ailleurs en restant indéfectiblement dans une posture de petit État.

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