Les rétrospectives de cette année bouleversante ne se limitent heureusement pas aux flux et reflux du coronavirus et de ses conséquences sur l’organisation de nos vies. Parmi les bonnes nouvelles à épingler figure ainsi, en bonne place, le soutien international autour du Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN). La cinquantième ratification d’octobre dernier permet en effet que ce Traité entre en vigueur dès l’entame de l’année 2021, le 21 janvier. En 2020, les armes nucléaires seront devenues, enfin, illégales en droit.En 2020 aussi, le gouvernement fédéral belge était formé. Il annonçait à cette occasion vouloir examiner comment le TIAN pouvait donner un nouvel élan au désarmement nucléaire mondial. Une avancée remarquable dans notre pays jusqu’alors uniquement soucieux de ne faire aucune vague et de rester un allié docile des Etats-Unis et de l’OTAN.Pourtant, cette avancée reste jusqu’à maintenant uniquement discursif. En effet, depuis la publication de l’accord de coalition, le gouvernement belge a, à deux reprises, voté contre une résolution des Nations Unies appelant humblement les pays qui ne l’auraient pas encore fait, à signer le nouveau Traité d’interdiction. On aurait pu s’attendre cette fois à ce que la Belgique, à tout le moins, s’abstienne lors de ces votes. Mais non. Notre pays semble être rentré dans les rangs.Circulez, il n’y a – plus – rien à voir ?Nous voulons continuer de croire que l’engagement du gouvernement envers le Traité d’interdiction des armes nucléaires deviendra tangible en 2021. Si c’est le cas, il sera soutenu par la grande majorité de la population belge, comme le souligne une nouvelle fois le sondage que nous avons réalisé en partenariat avec ICAN. La population belge qui aspire à ce que la Belgique ne soit plus cet « Etat voyou » qui, tout en ânonnant son vœu d’un monde sans armes nucléaires, ne respecte pas ses obligations légales en la matière, entrepose des bombes atomiques sur son territoire, forme ses militaires pour les transporter et commande de nouveaux avions de combat F35 à capacité d’emport nucléaire.Un peu de courage, oui. Mais pour une évidence.Signer le Traité d’interdiction des armes nucléaires, renvoyer les bombes nucléaires hors de Belgique et refuser de doter les potentiels futurs F35 de la capacité nucléaire ne sont évidemment pas des gestes anodins. Ils demandent une certaine dose de courage politique. Rappelons-nous alors que d’autres Etats l’ont fait avant nous. Comme la Grèce, par exemple, qui a fait retirer en 2001 les ogives nucléaires étasuniennes qui étaient stationnées sur son territoire. Ce pays n’a pas été mis au ban des nations de l’OTAN pour autant.Notre gouvernement peut signer le Traité d’interdiction et libérer notre territoire de la présence d’armes nucléaires. Les conséquences politiques à court-terme sont loin d’être insurmontables. Particulièrement quand on les met en balance avec les perspectives qu’elles proposent vers un monde finalement débarrassé de ces armes apocalyptiques. 

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