Des journalistes qui jouent leur rôle de vigie de la démocratie ont porté à la connaissance de tous le système de rémunération de l’intercommunale Publifin. Le 27 avril, la commission d’enquête chargée de faire la lumière sur cette affaire devrait publier son premier rapport, l’occasion pour notre coordination de s’exprimer sur ce dossier.

En effet, en tant que coordination d’action pour la paix et la démocratie et organisation de jeunesse il est, d’une part, de notre devoir de faire écho à cette situation qui met à mal notre système démocratique et, d’autre part, de rassembler les informations pour fournir une analyse critique et rigoureuse de l’exercice du pouvoir politique en place. C’est notre rôle que « d’interroger les institutions et les mandataires qui exercent des responsabilités au nom de citoyens, de questionner les choix politiques et économiques posés par les acteurs qui œuvrent en vue du bien collectif »[1]. Il nous revient de lutter contre le dévoiement et l’instrumentalisation de la démocratie.

Rappel succinct des faits[2].

  • L’intercommunale liégeoise Publifin et sa filiale privée et opérationnelle Nethys ont des activités dans des secteurs économiquement porteurs : l’énergie, les télécoms et les médias.
  • La loi empêche à un bourgmestre d’être à la tête d’une intercommunale. Malgré cela le bourgmestre de Ans, Stéphane Moreau (PS) profite du flou juridique pour être le CEO de la filiale Nethys.
  • Des élus cdH, PS et MR font partie des comités de secteur (organes consultatifs) qui se réunissent quelques fois par an. Or, il est établi que ces représentants ont touché des défraiements allant jusqu’à 500 euros la minute sans même nécessairement assister aux réunions. Certains ont touché jusqu’à 3000 euros bruts par mois.
  • Les partis MR, PS, cdH ont eux-mêmes profité du système puisqu’ils percevaient une partie des montants rétrocédés par leurs mandataires.

Si rien n’est, sur le plan du droit, illégal qu’est-ce qui, c’est selon, nous choque, heurte, révolte ou écœure ?

  • L’exercice du pouvoir détenu démocratiquement, dont l’objectif est de servir l’intérêt public et le développement des services publics, est ici détourné à des fins d’enrichissement personnel ;
  • L’acceptation d’élus de toucher des montants disproportionnés aux vues de leur investissement et de se montrer si peu capables d’éthique professionnelle et personnelle face au chant des sirènes du système capitaliste ;
  • Le montant des rémunérations perçues par ces représentants alors que ces mandats se font dans l’exercice d’un mandat initial déjà rémunéré ;
  • Le décalage entre les montants totaux perçus par ces mandataires et la réalité du salaire moyen d’un belge travaillant à temps plein.

 

Pourquoi sommes-nous choqués, heurtés, révoltés, écœurés ? En quoi ces faits viennent mettre à mal notre « idéal social et politique » ?[3] C’est qu’ils mettent à mal des conditions nécessaires d’une société pacifiée et démocratique que sont :

  • La juste répartition des richesses ;
  • La gestion responsable des biens publics ;
  • La transparence des processus de gestion et de décision politique du bien public ;
  • La prévalence de l’intérêt collectif sur l’intérêt particulier.

L’affaire Publifin étaye une fois de plus notre conviction que le système capitaliste est antagoniste avec l’avènement d’une société égalitaire et pacifiée.

En tant que composante active de la société civile, nous ne voulons pas nous résigner à rester de simples spectateurs de ce dévoiement. Nous aspirons à peser sur ce chantier crucial de construction de normes éthiques de la vie politique. Il ne peut être laissé aux seuls politiciens, pas même sous le contrôle des journalistes. Nous considérons comme un non-sens que les mandataires politiques fixent seuls :

  • le montant de leur rémunération ;
  • le nombre autorisé de mandats ;
  • les modes de désignation et leurs publicités.

Ce débat nous appartient autant qu’à eux ! Nous appelons à :

  • l’ouverture d’un large débat associant les citoyens organisés (voire inorganisés selon des modalités à définir) sur l’éthique qui doit gouverner la vie politique et les mécanismes de contrôle ;
  • l’élaboration d’un Pacte éthique cosigné par les responsables politiques et les associations et institutions soucieux de promouvoir la démocratie et la participation citoyenne ;
  • la mise en place d’un comité d’accompagnement dudit Pacte où les signataires veilleront à son application dans la durée.

Citoyens, associations, militants ?

Intéressé(e)s de rejoindre la CNAPD dans la mise en place d’un Pacte éthique ?  Contactez-nous à l’adresse : info@cnapd.be »


[1] https://www.cnapd.be/wp-content/uploads/2015/10/charte2.pdf

[2] Sources : https://www.rtbf.be/info

[3] https://www.cnapd.be/wp-content/uploads/2015/10/charte2.pdf

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