Après 40 ans d’exil suite à l’occupation marocaine de leur territoire, le peuple sahraoui est en train de vivre une nouvelle catastrophe dont a été témoin la délégation belge emmenée par le Comité belge de soutien au peuple sahraoui, association membre de la CNAPD.

Des pluies torrentielles, jamais vues dans cette région de mémoire de réfugiés, s’abattent sur les camps situés en Algérie, détruisant les maisons construites avec du sable, engloutissant leurs quelques biens et menaçant les déjà trop faibles stocks de nourriture de l’aide humanitaire toujours déclinante depuis plusieurs mois. Comme en 1975, les Sahraouis ressortent les tentes, quand ils en ont encore, et vont s’installer là où ils peuvent en attendant que la crise passe. Ce sont au moins 11 500 familles, plus de 60 000 personnes, qui vont devoir tout reconstruire dans les prochains mois.

Comment en est-on arrivé là ? Cette crise humanitaire dans la crise humanitaire est une conséquence directe de l’oubli dans lequel la communauté et les institutions internationales ont plongé le peuple sahraoui et son histoire depuis maintenant 25 ans. Malgré la promesse d’un référendum qui devait permettre leur auto-détermination en 6 mois, les Sahraouis, telle Soeur Anne, n’ont jamais rien vu venir. Le gouvernement marocain s’est empressé de saboter toute initiative en ce sens, largement soutenu par des alliés de poids comme la France qui a depuis longtemps renié ses idéaux de justice et de droits de l’Homme au profit de ses seuls intérêts économiques et de ceux de sa classe politique. Et le reste du monde s’est rapidement désintéressé de cette question dont finalement peu de gens maîtrisent les tenants et les aboutissants, totalement absente dans les médias. Point de pire sourd que celui qui ne veut entendre.

Aujourd’hui, la jeunesse sahraouie se trouve désœuvrée, découragée et en colère contre leur sort injuste. En décembre, un Congrès du Front Polisario se tiendra qui devra définir la ligne politique pour les quatre années à venir. La reprise des armes semble une option dans l’esprit de quelques uns, en particulier des jeunes, alors que les 25 dernières années de cessez-le-feu et de négociations n’ont rien donné. L’enjeu est donc important. Et le Secrétaire général de l’ONU ne s’y est pas trompé puisqu’il annonce sa venue sur place le même mois. Le peuple sahraoui sera suspendu à ses lèvres même s’il est évident que sa fin de mandat risque fortement de l’amener à faire de nouvelles promesses qu’il sait qu’il ne devra pas tenir mais qui lui permettront de gagner encore un peu de temps.

Quarante ans. Quarante ans à d’abord se battre puis attendre. Quarante ans à dépendre de l’aide humanitaire et à souffrir de carences alimentaires de plus en plus importantes pour les réfugiés. Quarante ans à subir la répression de l’occupant marocain, les violations des droits de l’Homme et les tortures pour ceux qui se trouvent dans les territoires occupés. Quarante ans à sillonner le monde pour plaider une cause que l’on refuse d’entendre. Quarante ans à hurler dans le désert. L’heure est maintenant au courage politique de nos gouvernements européens et du Conseil de sécurité des Nations Unies pour que cesse enfin le calvaire de tout un peuple et qu’on lui rende sa dignité.

Guillaume Defossé, Président.

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