6 milliards d’euro. Presque l’entièreté du budget « éducation, recherche et formation » de la Communauté française. 6 fois le déficit annoncé de la sécurité sociale pour 2015. 6 fois le budget de la coopération au développement. 120 fois ce que la Belgique entend allouer au fonds pour la lutte contre le réchauffement climatique. Voilà approximativement la somme que le Gouvernement entend dépenser pour remplacer les chasseurs-bombardiers F-16 de l’armée belge qui seront en fin de vie au plus tard en 2028. Une perspective exceptionnelle de dépense publique pour un gouvernement qui fait de l’austérité budgétaire, un mantra.

Et ce n’est pas tout ! Alors que l’État major annonçait, lors de la présentation du cadre budgétaire de l’armée sous cette législature, que les militaires devraient dorénavant sortir leurs poubelles eux-mêmes, notre Ministre de la Défense entend faire passer à partir de 2018 le budget de l’armée de 0,9 % du PIB belge à 1,6 %. Au moment donc où l’on voudrait se munir de nouveaux et rutilants avions de chasse. Avec quel argent? Bonne question. Vu l’engouement, on trouvera bien.

Vous comprenez, nous dit-on, ces avions sont nécessaires si la Belgique veut pouvoir « respecter ses engagements internationaux ». Entendez essentiellement les engagements de la Belgique comme « allié fidèle » de l’OTAN. Que pensent les belges de ces engagements? Vu les moyens demandés, sont-ils prioritaires par rapport à d’autres engagements qui incomberaient normalement à un gouvernement garant de l’intérêt général? Qu’en pensent les syndicats? Les associations de solidarité internationale? Les associations de défense de l’environnement? Cette question sera débattue, avec eux, lors de la conférence pour la paix de ce samedi 21 novembre. A la suite de ce débat, nous nous pencherons sur le cas de la Grèce qui, malgré tout, reste le sixième pays du monde à dépenser le plus dans l’armement et la défense.

Plus loin que le coût, se pose également la question de la pertinence d’investir dans des avions chasseurs-bombardiers pour travailler à la paix et la stabilité. Des avions, qui plus est, destinés à transporter les bombes nucléaires de Kleine Brogel. Les expériences de campagnes internationales de bombardements (Libye, Irak, Syrie, Yémen, etc) se multiplient. Bien qu’aucune ne rencontre les objectifs annoncés, malgré que toutes ne font qu’empirer les situations, ces erreurs semblent manifestement destinées à se reproduire à l’avenir. Nous voulons croire que la Belgique peut encore faire la différence ; qu’elle peut encore choisir de préférer la diplomatie et l’action continue contre la violence et ce qui la rend possible. Elle doit assumer l’erreur de la stratégie du surarmement, engager la voie du désarmement et porter, partout où elle peut le faire, la logique de la concertation.

Afin de souligner l’hypocrisie de l’austérité budgétaire et pour revendiquer une action internationale réellement vectrice de paix et de solidarité, la question du remplacement possible des F-16 de l’armée belge cristallise bon nombre d’enjeux transversaux portés par la société civile belge. Avec elle, une mobilisation s’organise contre cet achat. Le prochain grand rendez-vous sera celui de la manifestation nationale, le dimanche 24 avril. Soit deux mois avant que le gouvernement annonce le modèle et le nombre d’avions envisagés.

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