Une carte blanche de Carlos Crespo, Président de la CNAPD parue sur le site de la RTBF, rubrique opinions.

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Un cessez-le-feu vient d’être conclu entre Israël et le Hamas. L’Europe y était favorable mais elle pourrait faire plus explique Carlos Crespo, le président de la CNAPD. Elle pourrait défendre le droit international en boycottant les produits des colonies israéliennes.

Il n’est pas un seul pays européen qui déroge à la règle diplomatique : tous s’  » inquiètent  » de la situation au Proche-Orient, chacun appelle à la  » retenue « . L’unanimité officielle pour le respect du droit international et l’arrêt des violences ne cesse pourtant de bousculer l’observateur averti de la politique internationale. Pour celui-ci, ces discours sont décidément creux et cyniques.

Les mots et les actes

Comment en effet peut-on légitimement s’  » inquiéter  » d’une situation qu’on entretient quotidiennement ? Comment peut-on honnêtement se poser en défenseur du droit international quand nos actions concrètes en sont la négation ?

Tout récemment, le Parlement européen a voté en faveur de l’accord  » ACAA  » qui garantit un accès plus rapide et à prix plus compétitif de certains produits industriels au marché intérieure européen. Paradoxalement, alors que l’UE reconnait que les colonies sont illégales et qu’elles constituent un obstacle essentiel à la paix, aucune garantie n’a été prise afin de s’assurer que les produits des colonies seront exclus du bénéfice de cet accord.

Par ailleurs, la Commission européenne finance, par le biais du programme de recherche européen, une entreprise israélienne dont les usines sont situées dans les colonies et qui exploite illégalement des ressources naturelles palestiniennes. La Commission subventionne également, toujours grâce à des fonds publics, des sociétés privées d’armement israéliennes comme par exemple Elbit system, spécialisée dans le matériel de surveillance et de reconnaissance  » destiné à la défense et à la sécurisation du territoire « .

Une diplomatie conséquente

Pourtant, le Traité de Lisbonne, qui définit le fonctionnement de l’Union européenne, et qui a été préparé, négocié, et ratifié par les États-membres, prévoit une obligation de cohérence entre la politique commerciale de l’Union européenne et sa politique extérieure. Que devons-nous en conclure ? Est-ce la politique commerciale de l’Union européenne (et donc de ses États-membres) qui n’est pas cohérente avec les discours officiels de politique étrangère ? Est-ce que ce sont les discours officiels de politique étrangère qui ne sont pas cohérents avec la politique commerciale de l’Union européenne ?

Au vu du poids de négociation que pourrait exercer l’Union européenne, premier partenaire commercial d’Israël, on ne peut conclure que deux choses : soit il s’agit d’un manque de volonté politique quant à une application réelle du droit international, soit il s’agit de signifier que certains acteurs peuvent y déroger, ce qui revient finalement au même ; et cela sans aucune considération pour la vie des populations opprimées ; ou alors une considération verbale, ce qui est encore plus insultant.

Le pouvoir des citoyens

Les citoyens européens ont pourtant le pouvoir de dénoncer les violations récurrentes du droit international et de revendiquer le respect des normes (et des valeurs qui les sous-tendent). Ils peuvent le faire notamment en touchant directement ce qui entretient ces relations illégales et illégitimes : les échanges économiques. Comme consommateurs du premier marché économique mondial, les citoyens européens ont le pouvoir de faire savoir à travers le boycott des produits israéliens, que le droit international ne souffre pas de demi-mesure.

Face à la duplicité des relations internationales, déconnectée de toute responsabilisation démocratique, la mondialisation des échanges économiques offre la possibilité d’une mobilisation citoyenne mondiale, où le refus concerté de consommer envoie un message de cohérence et de non-complicité.

Convaincus que ce message peut influencer le respect de la justice internationale et des pourparlers de paix, ceux qui promeuvent le boycott ne s’opposent pas à un peuple mais à la politique d’un État et dans son intérêt. La paix et le respect de la justice internationale sont en effet les seuls gages de cette  » sécurité  » revendiquée par Israël mais rendue impossible par ses agissements quotidiens et par le blanc-seing tacite de l’Union européenne.

Engagée à l’époque dans le boycott de l’Afrique du Sud pour lutter contre sa politique d’Apartheid, la CNAPD espère que le même type d’actions participera au rétablissement du respect des droits du peuple palestinien à l’autodétermination, la liberté et l’indépendance.

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