La Conférence historique d’Oslo sur l’impact humanitaire des armes nucléaires s’est conclue le 5 mars dernier, avec l’annonce d’une réunion de suivi qui sera accueillie par le Mexique. Ce pays veut capitaliser sur le volontarisme international qui s’est largement ressenti à Oslo pendant ces deux jours de rencontre.

Pendant deux jours, en effet, 132 Etats – soutenus par plusieurs agences des Nations Unies (dont OCHA, le PNUD et le HCR) ainsi que le Comité international de la Croix-Rouge et ICAN – ont pu écouter des scientifiques, politiques et spécialistes de l’aide humanitaire sur les conséquences humanitaires catastrophiques d’une explosion nucléaire ainsi que ses conséquences sur l’environnement, la santé, le développement, etc.

Les conséquences humanitaires directes ont malheureusement déjà été maintes fois observées, lors des bombardements nucléaires américains sur Hiroshima et Nagasaki en 1945 mais aussi lors des essais nucléaires qui ont – et qui continuent à – traversé les années depuis l’invention de la bombe nucléaire. Les conséquences à plus long terme, elles, ont rarement été soulignées avec autant de clarté. Ainsi par exemple, la conférence a montré les conséquences mondiales d’une attaque nucléaire confinée à l’Inde et au Pakistan. Outre l’impossibilité d’acheminer l’aide humanitaire dans la zone de déflagration, le nombre incalculable de victimes et la radiation prolongée, cette attaque aurait des conséquences mondiales catastrophiques : chute de la température mondiale, limitation drastique de la production agricole, famines pandémiques.

La conférence internationale a donc montré, si besoin en était, que personne ne saurait faire face à une déflagration nucléaire – intentionnelle et accidentelle d’ailleurs, quand on sait que 2000 de ces armes sont en état d’alerte permanente – et que le monde entier en serait affecté.

L’existence continue des armes nucléaires, basée sur le seul argument politique de la dissuasion, prend aujourd’hui un contour dramatiquement cynique et les 9 pays nucléaires – ainsi que les pays membres de l’OTAN qui répètent à l’envie leur inconsciente politique de dissuasion nucléaire – partagent une responsabilité dans la course folle vers l’autodestruction. La politique de dissuasion, nous assurent-ils, n’envisage pas l’utilisation effective de l’arme nucléaire. Aux regards des enseignements de cette conférence, l’existence de ces armes n’en est que plus absurde. Et la plupart des pays participants à la conférence l’ont bien compris.

La Belgique, qui semble faire peu de cas de la présence des 20 têtes nucléaires sur son territoire, s’était engagée dans sa déclaration gouvernementale, à « travailler activement au désarmement nucléaire ». Elle était certes présente à la conférence, avec un unique représentant de l’Ambassade belge à Oslo. Aucun spécialiste de la question au département des Affaires étrangères ni aucun conseiller du Ministre, contrairement aux délégations des 4 autres pays européens (Italie, Pays-Bas, Allemagne et Turquie) où sont entreposées des armes nucléaires américaines. Piètre idée du « travail actif ».

Gageons que le suivi de cette conférence s’accompagne d’un volontarisme réel de la part des pays membres de l’OTAN. La CNAPD et le mouvement de la paix belge continueront leur mobilisation dans ce sens et le rappelleront haut et fort le 20 octobre prochain sur l’esplanade du cinquantenaire.

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