L’aéroport de Liège est le cinquième plus gros aéroports cargo en Europe. Idéalement situé au milieu du « triangle d’or » qui relie Amsterdam, Paris et Francfort, il est également un des derniers aéroports européens à autoriser des vols 7j/7, 24h/24. Son développement s’est ainsi construit sur le dos de la santé et de la qualité de vie des riverain·es et des travailleur·euses, de la destruction de la biodiversité, de la bétonisation des sols et du dérèglement climatique1. Mais Liege Airport s’est aussi développé – et continue de le faire – grâce aux complicités qu’il entretient avec des régimes et des entreprises aux bilans catastrophiques en matière de respect des droits fondamentaux. Parmi ceux-ci, des entreprises et l’Etat d’Israël, dont Liege Airport est un partenaire privilégié depuis ses débuts comme aéroport spécialisé dans le fret aérien.

« Premier grand succès pour l’aéroport de Liège »

En 1996, « le premier grand succès pour l’aéroport de Liège »2 a ainsi été la conclusion d’un accord avec l’entreprise privée de cargo israélienne Cargo Air Lines (CAL), qui devenait alors la première entreprise internationale à s’installer à Bierset. CAL a été créée en 1976, en Israël, « initialement pour transporter les exportations agricoles du pays en Europe »3. Aujourd’hui, il s’agit du deuxième plus gros transporteur de fret israélien avec El Al, la compagnie aérienne nationale créée en 1948 par l’Etat hébreux (et également présente à Bierset, voir ci-dessous). 

Source : « Ils ont réussi. Liège Airport ! », Grâce-Hollogne, 2010. 

Lors de son implantation à Liège, CAL s’est associée avec AGREXCO, alors le « principal exportateur de produits frais d’Israël » (cfr ci-dessous), pour créer la société L.A.C.H.S. (Liège Air Cargo Handling Services), chargée de la manutention des marchandises transportées depuis et vers Israël. Initialement spécialisée dans les produits périssables, L.A.C.H.S. va également progressivement développer une expertise dans le transport d’animaux vivants, de matières dangereuses et radioactives, de produits pharmaceutiques et autres « marchandises exceptionnelles »4. 

En 2006, CAL rachète les parts d’AGREXCO (tombée en faillite) pour devenir l’unique actionnaire de L.A.C.H.S., avant d’être elle-même rachetée par l’homme d’affaire israélien Offer Gilboa en 20105. Dans la foulée, celui-ci décide d’internationaliser et de diversifier davantage son groupe, qu’il rebaptise « Challenge Group » en 2016. 

Liège toujours au centre des activités de Challenge

Aujourd’hui, le groupe Challenge compte huit filiales6 et possède des bureaux dans une douzaine de pays. « Au cours des cinq dernières années, le groupe a triplé sa capacité et traite désormais 300 000 tonnes de fret par an, avec l’ambition d’atteindre un demi-million de tonnes par an. Il possède aujourd’hui une flotte de quatre Boeing 747-400F et de quatre Boeing 767-3008 »7. 

L’aéroport de Liège reste toutefois au cœur de son activité, puisqu’il constitue l’une des deux bases fixes du groupe (avec Tel Aviv) et, surtout, il abrite la filiale Challenge Handling, laquelle « sert de centre opérationnel du groupe, desservant tous les avions du groupe dans une installation dédiée. »8 Sur les 900 employé·es de Challenge, 750 travaillent ainsi à Liège, ce qui fait du groupe le deuxième plus gros employeur – et bastion syndical – à Liège Airport, après TNT-FedEx. L’entreprise projette toutefois d’employer 700 personnes supplémentaires d’ici 20359, ce qui pourrait en faire alors le plus gros employeur du site.