Communiqué de presse : livraison de F-16 à l’Ukraine : et si la Belgique choisissait la paix plutôt que la guerre
Au mois de juin, une « coalition F-16 » s’est créée au sein de l’OTAN : 11 pays, dont la Belgique, s’étaient engagés à fournir des bombardiers états-uniens à l’Ukraine, ainsi que tout l’accompagnement nécessaire pour l’entretien des avions et la formation des pilotes et du personnel de soutien.
Il ne restait plus qu’à déterminer quel pays fourniraient les appareils et dans quelle quantité.
Vendredi 18 août, les États-Unis ont annoncé qu’ils autorisaient officiellement le don de F-16 à Kiev, autorisation indispensable au transfert d’équipement militaire états-unien. Dimanche 20 août, les Pays-Bas et le Danemark se sont engagés à envoyer des F-16 à l’Ukraine. Les Pays-Bas n’ont pas précisé leur nombre, tandis que le Danemark a annoncé livrer 6 avions en 2023, 8 en 2024 et 5 en 2025, soit 19 appareils au total.Il est possible d’identifier deux causes majeures au délai dont ont eu besoin les pays européens pour accéder à la demande ukrainienne. D’une part, il y a des raisons techniques : le transfert de matériel et de compétences est compliqué et onéreux. D’autre part, des raisons politiques, d’un côté la Russie a toujours affirmé que la livraison de F-16 constituerait un tournant et qu’elle y répondrait en conséquence, tandis que de l’autre côté, il serait possible de considérer que chaque F-16 abattu serait un coup porté à l’image des États-Unis.
Quant à la Belgique, la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, affirme depuis le mois de mai que le royaume n’enverra aucun F-16 à l’Ukraine parce qu’il en a besoin. En revanche, son ministère a confirmé que les préparatifs pour contribuer à la formation des pilotes étaient en cours.
Quelles sont les conséquences de la livraison de F-16 à l’Ukraine ?
En un an de conflit, l’armée ukrainienne a perdu environ une cinquantaine d’avions de chasse sur les 250 qu’elle possédait. En février, Volodymyr Zelensky a déclaré : « plus vite nous recevrons des armes lourdes à longue portée et nos pilotes des avions modernes […], plus vite l’agression russe prendra fin ».S’il est indéniable que les F-16, avions de chasse de quatrième génération, sont plus performants que les appareils qui constituent actuellement la flotte ukrainienne, il ne faut pas oublier que l’armée de l’air russe est composée de 3000 avions et d’une très bonne défense anti-aérienne.D’après Nicolas Gosset, du Centre d’études de sécurité et défense de l’IRDS, « ce n’est pas la livraison d’avions de chasse qui changera la donne en 2023 ».Ce qui est sûr en revanche :
- La livraison de F-16 s’inscrit dans une course à l’armement,
- La course à l’armement s’inscrit dans une logique d’escalade et non de désescalade du conflit,
- Rien ne permet aujourd’hui de préjuger de l’effectivité de ce seul soutien militaire dans la recherche du respect, par la Russie, du droit international et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine
- Au travers de cette livraison, l’armée ukrainienne renforce son ancrage dans les systèmes otaniens, aggravant ainsi l’un des facteurs de conflictualité de la guerre
- Les F-16 causeront des destructions et des victimes
- La multiplication des armes peut, même après la guerre, faciliter l’émergence de foyers de nouvelles violences.
Pour ces raisons,
la CNAPD demande au gouvernement belge de se retirer de la course à l’armement actuellement à l’œuvre dans le contexte de la guerre en Ukraine. La CNAPD appelle le gouvernement belge à déployer une diplomatie de paix active, c’est-à-dire utiliser tous les moyens diplomatiques à sa portée pour amorcer une désescalade et amener les parties belligérantes à un cessez-le-feu en vue de négociations dirigées vers une paix juste et durable.
Photo de Simon Hurry: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/vol-vehicule-avion-jet-9610383/