Un hasard du calendrier, évidemment. Mais un hasard cynique : ce lundi 16 octobre, soit une semaine après l’attribution du prix Nobel de la paix à la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN, dont la CNAPD est membre), l’OTAN a entamé son exercice annuel « Steadfast Noon » de frappe nucléaire.

Steadfast Noon est un exercice annuel de l’OTAN au cours duquel certains pays membres de l’alliance simulent une mission aérienne de frappe nucléaire, transportant les bombes nucléaires tactiques B61 que les États-Unis déploient dans certains pays européens.

En plus des avions à capacité nucléaire de Belgique (les F16 de l’armée belge que le gouvernement veut remplacer d’ici à la fin de la législature), d’Allemagne, d’Italie et des Pays-Bas, les observateurs locaux ont également vu des avions tchèques et polonais. Ces avions non nucléaires de la République tchèque et de la Pologne participent au programme SNOWCAT (soutien aux opérations nucléaires avec tactique aérienne conventionnelle) de l’OTAN, qui permet aux forces armées des pays non nucléaires de soutenir la mission de frappe nucléaire sans être formellement parties à celle-ci.

L’exercice Steadfast Noon de cette année se déroule à deux endroits simultanément: depuis la base aérienne de Büchel en Allemagne et depuis notre fameuse base aérienne de Kleine Brogel, où sont entreposées les 20 têtes nucléaires américaines depuis les années 1970. Ce sont donc nos forces armées qui sont formées et entraînées pour larguer ces bombes nucléaires, si un scénario militaire de l’OTAN le prévoit.

Actuellement, 150 bombes B61 sont déployées dans six bases sur cinq pays européens (voir carte ci-dessous). Contrairement à ce que notre gouvernement soutient, le maintien de la présence de ces armes est une question bilatérale, à laquelle la Belgique pourrait légalement, seule, mettre un terme. En témoigne, le retrait des armes nucléaires de la base grecque d’Araxos (en 2001) et de la base anglaise de Lakenheath en 2008. Les arsenaux nucléaires présents en Allemagne et en Turquie ont, eux, été réduit.

D’après Hans Kristensen, expert des questions nucléaires à la Federation of American Scientists, la nouvelle Nuclear Posture Review de l’administration Trump devrait réaffirmer le déploiement et la modernisation des têtes nucléaires non stratégiques des États-Unis en Europe. Pour l’expert, l’OTAN est entrain de modifier sa posture nucléaire en parallèle, soulignant le regain de tensions entre les États-Unis, l’OTAN et la Russie. Il insiste sur ce point : cette évolution est un compromis constant avec certains membres de l’OTAN qui veulent que l’alliance approfondisse davantage la préparation et la planification des missions nucléaires de l’alliance.

Entre-temps, cette opération Steadfast noon souligne à nouveau que la Belgique continue de violer allègrement les obligations qu’elle a elle-même prise dans le cadre du Traité de non-prolifération. Renforcée par le prix Nobel de la paix 2017, la vigilance citoyenne s’accroit en Belgique vis-à-vis du rôle prépondérant que notre pays joue dans la survivance d’armes nucléaires dans le monde. Dans les prochains mois, cette vigilance doit nous conduire :

  • A exiger que la Belgique signe le nouveau Traité d’interdiction des armes nucléaires ;
  • A exiger que la Belgique refuse la modernisation des armes nucléaires entreposées à Kleine Brogel. Et que ce refus amorce le retrait définitif de ces bombes ;
  • A ce que les éventuels remplaçants des F16 de l’armée belge ne soient, quoi qu’il arrive, aucunement dotés de la capacité nucléaire.

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