2.144.000 Belges, soit près d’un belge sur cinq (18,7%), courent un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale. C’est ce qui ressort du rapport 2022 de Statbel, l’office national de statistiques, sur les revenus et les conditions de vie des Belges. Ce chiffre est en constante augmentation chaque année. 13,2% des belges vivent dans un ménage dont le revenu total disponible est inférieur au seuil de pauvreté. Plus d’un belge sur 20 (5,8%) souffre de privation matérielle et sociale sévère.

Pourtant, d’après le « Global Wealth Report » 2023, les belges seraient les plus riches du monde. C’est en effet le pays où, en 2023, la richesse (le patrimoine) médiane est la plus élevée. Mettre ces deux faits en parallèle permet de se faire une idée de l’inégalité qui structure notre société. Et la Belgique est loin d’être le pays le plus inégalitaire au monde. 

Les pratiques fiscales mises en place par les États sont l’une des principales causes de la pauvreté.

La Belgique n’échappe pas à la règle. Dans notre pays comme dans de nombreuses économies avancées, le taux d’impôt sur le revenu du capital (c’est-à-dire les revenus provenant des placements financiers comme les comptes bancaires, les actions, les obligations) a baissé en moyenne de 40 % entre 1981 et 2017. À cette baisse, s’ajoute la fraude fiscale et l’évasion fiscale qui représentent une perte de 30 milliards d’euros chaque année pour l’État belge, qui se refuse à les récupérer.   

Cette situation est le résultat de décisions politiques, qui suivent la même logique depuis plusieurs décennies, sous le motif constamment répété que taxer davantage les riches ferait fuir les capitaux et ralentirait la croissance économique, et donc la création d’emplois. Un motif trompeur. 

Comment donc analyser cette politique qui produit de la pauvreté et qui favorise les grandes richesses ? Un détour par les notions de domination et de classes sociales s’avère instructif.