En 2021, en Belgique, les femmes gagnaient 5% de moins que les hommes. Dans un couple hétérosexuel, les femmes consacrent en moyenne 2 fois plus de temps aux tâches ménagères que leurs compagnons. En janvier 2023, on décompte seulement 26,5% de femmes parlementaires dans le monde, 11,3% de pays ont une femme cheffe d’Etat et 9,8% de pays ont une femme à la tête du gouvernement. Toutes les femmes belges subissent le harcèlement de rue, un enfer quotidien pour les citadines. En 2021, environ 45 000 femmes et filles dans le monde ont été tuées par leur conjoint ou des membres de leur famille. Plus de 5 femmes tuées toutes les heures. 45 000 féminicides. 

Ces quelques chiffres sont la cause, la conséquence et un révélateur imparfait de la domination patriarcale qui continue à largement structurer nos sociétés, et, par la même, nos représentations du monde et la manière dont nous construisons nos rapports aux autres. Un patriarcat qui peut être défini comme « la manifestation et l’institution de la domination masculine sur les femmes et les enfants dans la famille et l’extension de cette domination sur les femmes dans la société en général ». Le masculin y est le supérieur et l’universel. Mais pas n’importe quelle masculinité ! Celle, stéréotypée et virile, dont l’archétype serait la figure de l’homme blanc, cisgenre, hétérosexuel, riche et valide. 

Cette domination justifierait l’appropriation du corps des femmes, des enfants, et l’emprise sur l’ensemble du vivant. Une domination qui construit sa légitimité au travers d’un ensemble de pratiques visant à naturaliser des constructions sociales érigées en normes et d’une exclusion violente de celleux et des conceptions qui n’entreraient pas dans ses cages. Le patriarcat, fondé sur une matrice binaire et qui délégitime tout ce qui est associé au féminin, se maintient ainsi grâce à ce que l’historienne Christelle Taraud appelle le continuum féminicidaire et qui « articule, de la naissance à la mort, toutes les violences faites aux femmes, prenant des formes plus ou moins subtiles et variant selon les sociétés. On peut citer entre autres les traitements différenciés dans les langues – « le masculin l’emporte sur le féminin » –, dans l’éducation, dans les systèmes politiques et religieux, les discriminations économiques, l’humour sexiste, le harcèlement sexuel dans les espaces publics, les insultes, les coups, les mutilations corporelles et sexuelles, les mariages précoces ou forcés, les maternités obligatoires, les avortements et stérilisations forcées, les fœticides et infanticides au féminin, la contrainte à l’hétérosexualité et la lesbophobie, l’esclavage sexuel, les abus et crimes sexuels, les viols, les assassinats… »