La paix, un phénomène protéiforme 

Qu’est-ce que la paix ? Voilà une vaste question. Dans l’usage courant qui est fait du mot « paix », il est facile de distinguer principalement deux types de paix. D’une part, la paix intérieure, paix de l’esprit, individuelle, qui correspond à un état de calme, de sérénité ; et de l’autre côté une paix que l’on pourrait dire « extérieure », qui se situe à un niveau plus collectif et qui décrit les relations entre des individus, des groupes, voire plus spécifiquement, des Etats.

Ces deux conceptions de la paix sont-elles imperméables ou poreuses ? Se rejoignent-elles ? Y-a-t-il un lien entre la paix dite « intérieure » et la paix entre les individus, les groupes ? Peut-on ressentir une paix intérieure si nous sommes en pleine guerre ? Un individu ressentant la paix, exercera-t-il plus, moins ou autant de violence sur un autre individu que s’il ne la ressent pas ? 

Bien qu’il soit presque impossible d’isoler complètement ces deux « versants » de la paix, ces derniers ont été étudiés au sein de disciplines tout à fait distinctes. D’un côté, les relations internationales, la polémologie, science de la guerre, ou l’irénologie, science de la paix, abordent la paix d’abord comme un phénomène sociologique et se concentrent donc sur l’aspect « extérieur » de la paix, c’est-à-dire sur la paix en tant que phénomène caractérisant des relations entre les individus. De l’autre côté, la paix, en tant que phénomène « intérieur », qui relève plus du ressenti de l’individu, est étudiée dans le champ de la psychologie.