Cela fait maintenant un petit temps que les enjeux décoloniaux font leur bonhomme de chemin à la CNAPD. Avec beaucoup de ratés, parfois des résistances. Certainement trop lentement. Mais avec l’espoir d’aller dans le bon sens. C’est dans cette lignée que la CNAPD organisait tout récemment une table ronde sur la décolonisation et la coopération au développement.


Cette rencontre a eu lieu le 11 octobre au Boom café, dans le cadre de la Quinzaine de la Solidarité internationale organisée par la Ville de Bruxelles. Elle a réuni un public divers, principalement composé de personnes actives dans les enjeux qui faisait le thème des échanges proposés : CNCD-11.11.11, SCI, députée fédérale, etc. La discussion était nourrie et animée par les réflexions et savoirs critiques d’un représentant du Mrax.
En vrac. Quelques objets de réflexion ou informations saillantes à retenir de cette rencontre. Dans une sélection complètement subjective et non-exhaustive.
3 concepts clés ont été détricotés et critiqués afin de mieux comprendre les enjeux et l’historicité de la coopération au développement et son inscription dans le processus colonial. Colonialisme. Développement. Coopération. Creuser ces termes a permis de mettre en lumière leur caractère trop souvent occidentalocentré, le caractère biaisé de la coopération, le besoin d’une conception du développement pensées par les peuples et d’un changement de regard sur cette notion, ainsi que de rappeler le caractère criminel de la colonisation.
L’importance d’une sensibilisation des associations, ici en Belgique, sur leur rôle dans ces mécanismes et sur la place qu’elles peuvent prendre pour renverser ces rapports de force a également été soulignée.
Sujet de la Quinzaine de la Solidarité internationale cette année, le rôle des diasporas n’a pas non plus été oublié. Quelle place peuvent prendre ces mouvements, parfois organisés collectivement, dans la construction de nouvelles solidarités internationales ? Et comment la manière dont l’interaction s’organisent entre les ONG et ces dernières peut potentiellement porter le germe de nouveaux rapports de domination ?
Il a évidemment aussi été rappelé l’importance du système capitaliste qui cherche toujours à diviser pour mieux régner et imposer sa prédation sur les ressources et les peuples.
Retenons également l’importance de remettre l’Humain.e et les peuples au centre. Il est urgent de construire de nouvelles formes de coopération. En dehors de celles entre les Etats. Des coopérations véritables entre les peuples.
Une autre question a été soulevée à plusieurs reprises. Sur plusieurs tons. La coopération au développement telle que nous la connaissons actuellement serait-elle un moindre mal en attendant de pouvoir construire une réelle solidarité internationale ? Ou devons-nous attaquer le problème à la racine en mettant fin à un système qui repose sur des rapports inégalitaires et une histoire violente ?
D’autres perspectives et enjeux de luttes essentiels ont également été évoqués. Le rôle des grandes institutions internationales, la corruption endémiques dans certains pays, la place du commerce équitable, le franc CFA, les enjeux autour de la cohérence des politiques, le soutien aux mouvement locaux qui doivent pouvoir fixer elleux-même leurs priorités, l’importance grandissante de mouvements panafricains et la mobilisation de la jeunesse à travers les différents pays d’Afrique.
Finalement, cette rencontre a, nous l’espérons, permis d’ouvrir des portes, des champs de discussion, et de lancer des pistes de discussions pour avancer dans le processus de décolonisation. Pour construire une véritable solidarité internationale. Sans ingérence. Pour la dignité. Dans le respect et la justice. Pour les peuples. En tout cas, une réflexion qui continuera au sein de la CNAPD, avec les membres de la coordination.

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