La CNAPD dénonce la complaisance des pays européens envers l’agression illégale de l’Iran par Israël. Elle appelle la Belgique à défendre un ordre international fondé sur le droit plutôt que sur les rapports bruts de domination.

En déclenchant, ce 13 juin, une offensive globale contre l’Iran, au mépris de la Charte de l’ONU, Israël a une fois de plus prouvé qu’il constituait la principale force de déstabilisation de la région. Menée avec l’aval implicite des États-Unis, alors qu’un sixième round de discussion sur le nucléaire était prévu le 15 juin, cette attaque illustre aussi la duplicité du président des États-Unis, qui s’est rapidement associé à l’entreprise israélienne, au point de déclarer, le mardi 17 juin, avoir pris « le contrôle total et complet du ciel iranien », et d’exiger sur X, deux heures plus tard, une « reddition inconditionnelle » de Téhéran.

Si les déclarations intempestives et mortifères de Donald Trump venaient à se concrétiser, nous serions face à un cas idéal-typique du pompier pyromane. Celui qui cherche à anéantir par la force le programme nucléaire militaire iranien est également celui qui, sept ans plus tôt, a déchiré l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien, lequel constituait la meilleure garantie d’empêcher un Iran nucléaire.

En cette ère de post-vérité, il faut s’accrocher à la réalité. Notamment celle rappelée par le Directeur de l’AIEA, ce 18 juin, qui souligne que son agence n’a « aucune preuve d’un effort systématique de l’Iran de se lancer dans [la fabrication] de l’arme nucléaire ». Une déclaration qui fait écho à celle de Tulsi Gabbard, directrice du renseignement des États-Unis nommée par Donald Trump, le 25 mars dernier devant le Congrès : « La communauté du renseignement continue d’estimer que l’Iran ne fabrique pas d’armes nucléaires et que le guide suprême Khamenei n’a pas autorisé le programme d’armement nucléaire qu’il avait suspendu en 2003.»

Rien ne justifie juridiquement – ni moralement, d’ailleurs – l’entrée en guerre d’Israël contre l’Iran. À ce titre, nous constatons avec effroi que des installations nucléaires sont délibérément ciblées, ce qui est expressément interdit par le droit international (notamment l’article 56 du Protocole additionnel aux Conventions de Genève).

Les appels du Premier ministre Benyamin Netanyahou à assassiner Khamenei trahissent ses velléités de renversement du pouvoir iranien. Les expériences irakiennes, afghanes et libyennes montrent pourtant que les opérations militaires de changement de régime, aussi détestables et oppressifs pour leur population que soient ces derniers, se soldent toujours par des désastres.

Il devrait être du devoir des dirigeants européens de condamner sans détour Israël pour ces violations caractérisées du droit international. C’est une toute autre voie qui a été choisie par plusieurs États, dont l’Allemagne et la France, qui, de façon orwellienne, ont non seulement refusé de condamner l’agression du pays attaqué, mais ont apporté leur bénédiction à l’agresseur. Les maigres critiques qui commençaient à poindre face au désastre humanitaire à Gaza semblent s’être effacées par magie, Netanyahou réussissant la prouesse de faire oublier ses violations massives du droit international en en commettant une de plus.

Quant à la Belgique, elle s’est contentée dans un premier temps, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot, le 13 juin, de qualifier l’escalade d’« extrêmement préoccupante », en s’abstenant de désigner clairement l’agression initiale israélienne. Pire, dans une interview à la Libre de ce vendredi 20 juin, Maxime Prévot a explicitement refusé de condamner celle-ci, et a donné du crédit aux scandaleuses déclarations du chancelier allemand Friedrich Merz assurant qu’Israël « fait le sale boulot », alors même que la guerre déclenchée par Israël réduit à néant les tentatives diplomatiques de garantir un Iran non-nucléaire. 

Nous appelons dès lors le gouvernement belge à rompre avec cette posture qui tourne le dos à la tradition diplomatique belge de soutien à la Charte de l’ONU et aux Conventions de Genève, et même à son propre accord de gouvernement qui affirme « défendre un ordre international ancré dans le droit international ». Il doit rappeler fermement à Israël ses obligations en tant qu’État membre des Nations Unies. Si nos pays continuent de se fourvoyer en torturant le droit international au gré de leurs intérêts, ils perdront définitivement toute crédibilité. Le concept de guerre préventive motivée par une menace supposée n’est jamais acceptable, que ceux qui s’en prévalent soient ou non nos alliés.

En attendant, les frappes israéliennes ont jusqu’à présent causé la mort de plus de 600 personnes en Iran, civils pour la plupart. Des morts qui viennent s’ajouter aux victimes du génocide qu’Israël organise depuis 20 mois dans la bande de Gaza, dont la poursuite résulte, elle aussi, de l’intolérable impunité dont le gouvernement de Benyamin Netanyahou bénéficie depuis trop longtemps de la part de nos dirigeants.

 

Giulia Contes et Grégory Mauzé, Co-président.e de la CNAPD

 

Contact presse :

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