Le modèle occidental d’exploitation des ressources naturelles arrive à sa limite ; les ressources vitales s’épuisent dans des régions de l’Afrique, de l’Asie, de l’Europe de l’Est, de l’Amérique du Sud, de l’Arctique et des États insulaires du Pacifique : de plus en plus d’hommes disposeront de moins en moins de bases pour assurer leur survie.

Les changements climatiques entraîneront-ils plus de violence et de guerres ?

Les ressources vitales s’épuisent dans des régions de l’Afrique, de l’Asie, de l’Europe de l’Est, de l’Amérique du Sud, de l’Arctique et des États insulaires du Pacifique.

«De plus en plus d’hommes disposeront de moins en moins de bases pour assurer leur survie».

Des conflits violents (guerres pour la survie) opposeront tous ceux qui prétendront se nourrir sur une seule et même portion de territoire ou boire à la même source en train de se tarir. Aux sources de la violence

Pour HW, la violence n’est pas une aberration ou une exception, elle est toujours une option d’action.Le choix de la violence est plus probable dans certaines situation qui menacent (ou semblent menacer) la survie de l’individu ou du groupe.

Une fois le cadre normatif d’une société effondré, le chaos et la violence sont probables : Exemple de Katrina : suite à l’ouragan, scènes de pillage et de violence alors que ça se passe aux Etats-Unis, pays bien équipé technologiquement. Dans une situation chaotique (comme une guerre civile) dans laquelle « c’est chacun pour soi » et « lui ou moi », l’individu doit pouvoir identifier très rapidement son ennemi pour pouvoir l’éliminer avant que l’ennemi ne l’élimine. C’est ainsi que des critères « ethniques » peuvent resurgir comme un classement facile entre ami et ennemi.

Un glissement du cadre normatif et moral peut amener à déshumaniser l’autre, jusqu’au point où l’éliminer n’est plus un problème moral. Nos valeurs évoluent en fonction du contexte, sans que nous ne nous en apercevions. «Les gens changent leurs valeurs parce que leur monde change, et non l’inverse.» Le changement climatique va-t-il modifier notre tolérance à la violence sans que nous en ayons conscience? HW pense que c’est vraisemblable. Il prend comme exemple actuel la gestion proprement inhumaine des flux migratoires par un blocage des frontières, comme l’illustre le travail de l’agence européenne FRONTEX qui transforme l’Union Européenne en véritable forteresse.

Toujours plus nombreux ?

On plafonnerait à 9 Milliards d’habitants en 2050. Moins de nourriture ? Aujourd’hui, l’humanité produit assez pour tout le monde (ce qui faisait dire à Jean Ziegler, ancien rapporteur des Nations Unies sur la faim, que la famine était aujourd’hui criminelle) mais notre agriculture chimique et mécanisée dépend du pétrole, quid quand il n’y en aura plus ? Vivre tous simplement pour que tous puissent simplement vivre : la généralisation du standard de vie occidental est intenable.

« There is enough for everybody’s need, but not enough for anybody’s greed » (Ghandi).

En Afrique, il y aura entre 75 et 250 millions de personnes qui n’auront plus assez d’eau potable dès 2020.

  • Darfour : «Ce type de conflits, généralement interprété comme ethnique, puise ses origines dans des causes environnementales. Le manque d’accès aux ressources en est le déclencheur puis le conflit se développe selon des lignes ethniques».D’autres conflits naîtront des appétits aiguisés par les gisements de matières premières (pétrole et gaz notamment) libérés par la fonte des glaces arctiques et antarctiques.
  • Réfugiés : «dans un proche avenir, on ne pourra plus faire de distinction pertinente entre les réfugiés fuyant la guerre et ceux fuyant leur environnement».
  • Inondations : deux milliards de personnes vivent dans les régions côtières. Une élévation du niveau de la mer provoquera inévitablement des mouvements important de population.
  • Sécheresse et désertification : les territoires régulièrement touchés par la sécheresse représentent aujourd’hui 1,3% du total. Ce chiffre pourrait monter jusqu’à 30% à la fin du siècle, avec des conséquences évidentes pour la production de nourriture. La sécheresse poussera également des populations à rechercher ailleurs les moyens de leur survie.
  • Inégalités renforcées : Les effets du réchauffement seront d’autant plus dévastateurs qu’ils frappent en premier lieu les pays les plus pauvres et les moins à même d’y faire face. Les économies moins développées sont plus directement dépendantes de la nature et seront donc plus directement touchées.
  • Ensauvagement des pays les plus riches : «la poussée migratoire est perçue comme une menace».
  • La peur est mauvaise conseillère : la peur de ces changements risque d’orienter davantage les pays riches vers un sentiment de forteresse assiégée et vers des réponses sécuritaires pour maintenir les problèmes dehors.

En recevant son prix Nobel de la Paix, Barak Obama a déclaré : « Le monde doit s’unir pour lutter contre le changement climatique. Il existe peu de doute scientifique sur le fait que si nous ne faisons rien, nous devrons faire face à des sécheresses, à des famines et à des déplacements massifs de populations plus nombreux, ce qui alimentera plus de conflits pendant des décennies. Pour cette raison, ce ne sont pas seulement les scientifiques et les militants écologistes qui réclament des actions rapides et puissantes – ce sont les cadres militaires de mon pays et d’autres, qui comprennent que notre sécurité collective est en jeu ».

Les changements climatiques vont avoir une série de répercussions importantes qui vont changer la donne géopolitique. Quelles institutions sont-elles les mieux à même de répondre au défi climatique ? Faut-il y voir un enjeu de sécurité et s’en remettre à l’OTAN qui y donnera des réponses sécuritaires ? Ou faut-il tenter dans le cadre de l’ONU de trouver des réponses réellement globales par la création de nouveaux équilibre et de nouvelles solidarités ?

Harald Welzer, Les guerres du climat. Pourquoi on tue au XXIe siècle, éd. Gallimard, 2009, 352 p.

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