Il est sous presse ! Le nouveau plaidoyer de la CNAPD « L’OTAN, du bouclier à l’épée » sera bientôt disponible. La CNAPD continue en effet à se mobiliser fortement sur ce sujet pour donner une voix critique et objective sur les raisons d’être et les agissements de cette institution. La date de sortie de ce plaidoyer n’est pas anodine : plusieurs rendez-vous cruciaux jalonneront cette année dont le sommet de l’OTAN au mois de septembre aux pays de Galles qui verra notamment la nomination du nouveau Secrétaire général de l’organisation (Pieter de Crem est candidat) et qui décidera de l’engagement futur de l’alliance en Afghanistan.

Non ! L’OTAN n’est pas une agence garante de la paix et de la sécurité internationale !

L’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) est une alliance militaire régionale créée lors de la Guerre froide. Officiellement, la raison d’être de l’OTAN, son « concept stratégique », était la peur qu’engendrait l’Union soviétique après la Deuxième Guerre mondiale et la nécessité ressentie d’organiser une alliance de défense commune du territoire de l’Atlantique Nord. La fin de la Guerre froide ne marque pourtant pas la fin de l’OTAN. Différents « concepts stratégiques » se sont succédé, présentant les nouvelles « menaces » qui perpétueraient la raison d’être de cette institution.

… Une raison d’être en perpétuelle évolution et en contradiction toujours plus profonde avec le Traité de Washington, qui fonde l’OTAN en 1949. Contradictions qui se sont concrétisées, depuis 1989, par l’engagement de l’OTAN dans différentes guerres meurtrières et destructrices portées chaque fois plus loin qu’aux frontières de son territoire : Yougoslavie, Kosovo, Afghanistan, Irak, Libye, etc.

Le discours légitimateur étant le suivant : l’OTAN est la seule institution à même de garantir la paix et la sécurité internationale ; confisquant par là même les prérogatives et les possibilités d’action des Nations Unies comme institution multilatérale, à visée universelle.

L’OTAN, bras armé des échanges économiques

Cet interventionnisme militaire a notamment pour objectif de sécuriser les échanges économiques des alliés ; particulièrement les ressources stratégiques dont chacun, à travers le monde, a un besoin vital. Cet aspect des relations internationales est traité dans un outil pédagogique de la CNAPD appelé « CAP magazine : sur la route des énergies ».

L’accès aux énergies et la sécurisation de l’approvisionnement énergétique (la « sécurité énergétique ») constituent un enjeu majeur, soumis à une très forte compétition mondiale. Cet enjeu est rappelé dans le concept stratégique de 2010 ainsi que dans de nombreux documents officiels de l’OTAN :

« La présence militaire mondiale des alliés de l’OTAN est en partie destinée à assurer le maintien de l’approvisionnement en pétrole et en autres matières premières vitales à destination de leur territoire et de leurs partenaires commerciaux. Deux tiers environ du transport pétrolier mondial s’effectuent par voie maritime. La marine américaine est véritablement devenue la garante de la libre circulation sur les voies de navigation mondiales. Elle a un rôle particulier à jouer dans la défense des “goulots d’étranglement”, au niveau desquels l’approvisionnement en pétrole peut être facilement interrompu à la suite d’une action militaire hostile, de raids de terroristes ou de pirates »

Ou encore : « Dans les années à venir, la dépendance de l’Europe à l’égard du pétrole et du gaz va s’aggraver, et les besoins énergétiques de puissances émergentes, telles que la Chine et l’Inde, ne vont cesser d’augmenter. Certains combustibles fossiles vont devenir de plus en plus difficiles d’accès »

L’OTAN le dit sans détour : elle défend les intérêts et l’activité économique des alliés, contre l’activité économique d’autres pays du monde. La volonté de sécuriser son approvisionnement énergétique constitue un intérêt géopolitique et non un objectif de paix et de démocratie. Un intérêt d’ailleurs explicitement dirigé vers d’autres pays du monde, dont les pays dits émergents. En effet, à mesure que d’autres pays se développent économiquement, brisant le monopole des pays de l’OCDE, la compétition pour l’accès aux ressources naturelles stratégiques, épuisables mais vitales pour l’activité économique, devient de plus en plus marquée.

Mettons l’OTAN en question : réinventons notre défense !

La CNAPD rappelle que des alternatives à l’OTAN existent, qui permettraient de sortir de la logique de confrontation à laquelle elle nous habitue. Il est par exemple possible d’envisager pour l’Union européenne un partenariat sécuritaire eurasiatique dans l’idée de poursuivre le désarmement du territoire et favoriser la paix. En effet, la Russie est fortement dépendante de l’Europe au niveau économique et un partenariat plus engagé avec la Chine et la Russie permettrait un apaisement et une meilleure garantie de la paix plutôt qu’une course à l’armement, soi-disant dissuasive, qui augmente les tensions au lieu de les résorber.

Une autre option pour l’Union européenne serait de constituer une défense autonome, où la défense serait civile et démocratisée et où, de facto, l’UE constituerait une force neutre. Cette neutralité se ferait bien entendu de manière progressive. Elle doit être envisagée dans un cadre mondial avec un accord tacite d’autres grandes puissances telles que les États-Unis, la Russie et la Chine. Elle implique par conséquent une réaffirmation du rôle de l’ONU comme forum multilatéral de gestion de conflits. L’Europe pourrait ainsi devenir une puissance autonome de paix avec une armée défensive, restreinte et citoyenne. Cela nécessite d’offrir des formations aux citoyens en vue de leur réappropriation de la nécessité de se protéger et de l’objectif de nonviolence et de paix. Dans un premier temps, il pourrait s’agir de constituer une armée européenne qui plus tard serait remplacée par une défense civile.

Ces alternatives impliquent, sinon la dissolution de l’OTAN dans un avenir immédiat, au moins une réduction de l’implication de la Belgique et de l’Union européenne au sein de l’Alliance militaire. Cela est plus que souhaitable dans l’objectif d’un monde plus en paix et moins violent. L’Union européenne ne doit bien sûr pas être perçue comme la panacée mais comme une construction dont la base législative opposable à l’action des États et des institutions est plus solide et davantage vérifiable. Le contrôle démocratique des agissements de l’Union européenne, très faible pour le moment, peut davantage être étendu que dans le cadre antidémocratique de l’OTAN.

Pourtant, la recherche d’alternatives à la structure belliqueuse et agressive de l’OTAN ne doit pas nous égarer. Elle doit s’accompagner radicalement d’une politique pacifiste de rapprochement entre les peuples, de cessation de la mise en concurrence pour privilégier la collaboration, de désarmement et d’opposition à la guerre. Un monde où la sécurité et le bien-être de tous sont privilégiés et pas seulement la sécurité et le bien-être de ses seuls ressortissants.

Les alternatives à l’OTAN font parties des revendications de la CNAPD publiées dans le Memorandum à destination des partis politiques, p. 20

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