Chaque année au milieu du mois d’avril, le SIPRI1 publie son rapport de référence sur les dépenses militaires dans le monde. Cette fois encore, un nouveau record est établi : 2443 milliards de dollars ont été dépensé dans l’achat de matériel de guerre en 2023. Une augmentation de 6,8% par rapport à 2022. 

Comme l’année dernière, ce record est largement du au réarmement du continent européen. Sur la période 2019-2023 en effet, les importations d’armes en Europe ont augmenté de 94% par rapport aux 5 années précédentes.

Les suites de la guerre en Ukraine, « évidemment ».  

 

Toutes les autres régions du monde où des conflits sont latents ou avérés voient aussi leurs dépenses militaires augmenter de manière inquiétante. En Algérie, au Soudan, en Israël, en République démocratique du Congo, en mer de Chine, en Inde ou au Pakistan. 

Le monde semble encore et toujours embourbé dans la même logique : la sécurité (ou plutôt le sentiment subjectif de sécurité) ne se mesure qu’à l’aune de son niveau d’armement. Qui veut la paix, prépare la guerre. 

Or, nul besoin d’un diplôme en histoire ou en relations internationales pour constater que les dépenses militaires renforcent les tensions à partir desquelles elles sont justifiées. Les dépenses militaires appellent les dépenses militaires. 

Ainsi, si elle ne repose que sur la menace d’une confrontation armée, la recherche d’un sentiment subjectif de sécurité est une quête sans fin, une mise en abîme. 

Un cercle vertueux, vous diraient les marchands de canons et les bonimenteurs.

Outre qu’elles engendrent davantage d’instabilité, les dépenses militaires augmentent également la défiance et la suspicion. Les États se regardent en chiens de faïence, se toisent et se cherchent. Or, notre planète est en danger. Elle fait face à des enjeux de plus en plus existentiels qui nécessitent la collaboration rapide, sincère et volontaire de tous les acteurs de la « communauté » internationale. Outre la défiance que l’augmentation des dépenses militaires continue de susciter, elles kidnappent également les moyens nécessaires pour assurer réellement la sécurité des peuples et de la planète.

La Belgique ne faillit pas à la règle. En 2023, ses dépenses militaires ont cru de 5,5% par rapport à l’année précédente, confirmant l’engagement pris par le gouvernement d’augmenter les dépenses de « défense » à 1,53% du PIB national. Une augmentation de 10 milliards d’euros, soit un doublement du budget de l’armée belge. Le gouvernement De Croo a par ailleurs rappelé sa volonté d’atteindre les 2% du PIB dans les années qui viennent, conformément à l’engagement pris par la Belgique au sommet de l’OTAN en 2014, alors que le gouvernement de l’époque était en affaires courantes. Pour ce faire, le Premier ministre s’est fait l’écho, au mois de mars dernier, d’une proposition de Théo Francken (NV-A). D’après lui, cette croissance des dépenses militaires implique « d’en faire moins sur un certain nombre de choses », comme la limitation des allocations de chômage à deux ans ou le « contrôle » de la croissance des dépenses en soins de santé. CQFD. 

 1.Le « Stockholm International Peace Research Institute »

Samuel Legros 

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